The Voices and Faces
of Palestine - Summer 2014
Voix et visages de Palestine – été
2014
Confessions
at Midrange
My
heart has telescopes
my
eyes have invisible streets
my
portrait is of a nation
with
a hundred square feet of clouds—
maybe
god is a country
my
eyes can’t see.
Confessions à mi-chemin
Dans mon cœur des télescopes
dans mes yeux des rues invisibles
mon portrait est celui d’une nation
sous trente mètres carrés de nuages –
dieu est peut-être un pays
que mes yeux ne peuvent voir.
Turka
They
ask me who I am,
they
ask me where I’m from—
how
do I explain
from
where Jesus is born
except
I’m not allowed
to
reach his church
Who
am I if I can’t be
with
my olive groves
who
am I
if
I can’t find Mohammed
in
my prayers
can’t
reach Jesus
I
am from the Teqoa
and
the Dead Sea
from
Bethlehem
and
Jerusalem—
Dar
Handal,
we
grow everywhere here,
Dar
Talamas,
our
ancestors were translators,
so
I translate this for you—
I
am who I’ve always been
and
behind my prayers
are
windows
with
a city
of
endless verbs.
Turka
Ils me demandent qui je suis
ils me demandent d’où je viens –
comment expliquer
d’où Jésus est né
sauf que je n’ai pas le droit
d’aller dans son église
Qui suis-je si je ne puis
demeurer près de mes oliviers
qui suis-je
si je ne puis retrouver Mohammed
dans mes prières
ne puis atteindre Jésus
Je viens du Teqoa
et de la Mer Morte
de Bethléem
et de Jérusalem –
Dar Handal
nous avons grandi partout ici
Dar Talamas,
nos ancêtres étaient des traducteurs
aussi je vous traduis ceci –
je suis qui j’ai toujours été
et derrière mes prières
il y a des fenêtres
avec une ville
aux verbes infinis.
Country
The
radio was stuck
between
two stations
when
you told me
you
sold
the
only thing that
mattered
to you.
I
said nothing.
We’d
been together for years
and
I had no idea what you sold
nor
what was playing
along
the long blue sky
we
both insisted was ours.
Pays
La radio était bloquée
entre deux stations
quand tu m’as dit
que tu avais vendu
la seule chose qui
t’était chère.
Je n’ai rien dit.
Nous avons vécu des années ensemble
et je n’avais aucune idée de ce que
tu avais vendu
ni de ce qui se jouait
au long du long ciel bleu
que nous persistions tous deux à dire
nôtre.
Gaza
Once
in a tiny strip
dark holes swallowed hearts
and one child told another
withdraw your breath
whenever the night wind
is no longer a land of dreams
dark holes swallowed hearts
and one child told another
withdraw your breath
whenever the night wind
is no longer a land of dreams
Gaza
C’était dans une étroite bande
où des trous noirs engloutissaient les
cœurs
un enfant dit à un autre enfant
retiens ton souffle
lorsque le vent nocturne
n’est plus dès
lors une terre de rêves
The
Gazans
I
died before I lived
I lived once in a grave
now I’m told it’s not big enough
to hold all of my deaths
I lived once in a grave
now I’m told it’s not big enough
to hold all of my deaths
Les Gazaouis
Je suis mort avant de vivre
J’ai vécu une fois dans une tombe
maintenant on me dit qu’elle n’est
pas
assez grande
pour retenir toutes mes morts
Tiny
Feet
A
mother looks at another—
a sea of small bodies
burnt or decapitated
around them—
and asks,
How do we mourn this?
a sea of small bodies
burnt or decapitated
around them—
and asks,
How do we mourn this?
Tout petits pieds
Une mère regarde une autre mère –
un océan de petits corps
brûlés ou décapités
tout autour d’elles –
et interroge,
Comment pleurer cela ?
Night
Sky Orange
from
The Gaza Box
I
read your book of myths—
did you ?
did you ?
I
checked the mirror for your face—
did you ?
did you ?
I
checked the ruins and the even larger
ruins
in your heart—
did you ?
did you ?
I
memorized the shape of black smoke
and
the orange sky in every tiny corpse—
did you ?
did you ?
I
checked if loneliness was what the body
turns
to when death is all it has—
did you ?
did you ?
Did
you think of your wife the evening
you
killed mine ?
And
unexpectedly,
an
image of your son will cross
your
mind,
you
will question why
you’ve
come after all,
you will
breathe differently,
words
will no longer be able
to
map your crimes.
I
checked for the damage in my flesh
— did
you ?
I
found my way back to the scene
in
the book
where
you erase my name
as
it keeps reappearing,
don’t
you know,
such
letters always revert back
to
its original form
so look at
me in the eyes
before we
both perish.
Ciel Nocturne
Orangé
Extrait de The Gaza Box
J’ai lu ton livre sur les mythes –
et toi ?
et toi ?
J’ai testé le miroir pour ton visage –
et toi ?
et toi ?
J’ai passé les ruines en revue et
celles, plus vastes, dans ton cœur –
et toi ?
et toi ?
j’ai gardé en mémoire la forme des
fumées noires et le ciel orange dans les plus infimes cadavres –
et toi ?
et toi ?
j’ai vérifié si la solitude était
ce que devient le corps quand la mort est son seul bien –
et toi ?
et toi ?
As-tu songé à ta femme le soir où tu
tuas la mienne ?
Et de manière inopinée,
l’image de ton fils traversera
ton esprit,
tu te demanderas pourquoi
tu es venu en fin de compte,
tu respireras autrement,
les mots ne seront plus capables
de dresser la carte de tes crimes.
J’ai fait le compte des dégâts dans
ma chair
– et toi ?
J’ai retrouvé la scène où
dans le livre
tu effaces mon nom
qui s’obstine à réapparaître,
sais-tu que ces lettres sont de celles
qui retrouvent toujours leur forme originelle
alors regarde-moi dans les yeux
avant de périr l’un et l’autre.
Imaginary
World with Twelve Birds
from
The Gaza Box
There
is moonlit
in
my box
can
you give it to me
There
are hours
in
my box
can
you give them to me
There
is a world
in
my box
there
are twelve birds
in
my box
can
I fly with them ummi
…………………
There
is a picture
of
my son
in
his box
can
I see it
before
the men arrive
before
the floor shakes
before
they take my heart
tell
them
our
souls will leave our torn bodies
but
we will never leave
we
will multiply in their souls
Monde
Imaginaire avec Douze Oiseaux
Extrait de The Gaza Box
Il y a du clair de lune
dans ma boîte
peux-tu me le donner
Il y a des heures
dans ma boîte
peux-tu me les donner
Il y a un monde
dans ma boîte
il y a douze oiseaux
dans ma boîte
puis-je voler avec eux ummi
…………….
Il y a une photo
de mon fils
dans sa boîte
puis-je la voir
avant que les hommes n’arrivent
avant que le sol ne tremble
avant qu’ils ne prennent mon cœur
dis-leur
que nos âmes quitteront nos corps
déchiquetés
mais que nous ne partirons jamais
nous nous
multiplierons dans leurs âmes
Traduction : Patricia Nichols et Marc Delouze
*
Nathalie Handal
Poète et dramaturge
d’origine palestinienne, née à Bethléem. A grandi en France et
en Amérique latine. Etudes aux États-Unis, en Grande-Bretagne et
dans le monde arabe. Parmi ses livres les plus récents, Poète en
Andalousie, Language for a New Century : Contemporary Poetry from the
Middle-East, Asia and Beyond et Love and Strange Horses, (Médaille
d’or Independent Publisher Book en 2011). Ses pièces les plus
récentes ont été mises en scène à la John F. Kennedy Center for
the Performing Arts, le Bush Theatre et Westminster Abbey, à
Londres. Elle signe la chronique La ville et l’écrivain du
magazine World without borders.
From the Wild River Review Archives: Love and Strange Horses - An Interview with Nathalie Handal
POETRY & PHOTOGRAPHY - Confessions at Midrange: The Voices and Faces of Palestine - Summer, 2014
From the Wild River Review Archives: Love and Strange Horses - An Interview with Nathalie Handal
POETRY & PHOTOGRAPHY - Confessions at Midrange: The Voices and Faces of Palestine - Summer, 2014
D'autres poèmes de l'auteure dans la revue en ligne Literature across frontiers :
—> Nathalie Handal sera à l’Institut du Monde Arabe de Paris, pour les interludes poétiques de Palestine, ce 25 septembre: http://www.imarabe.org/jeudi-ima/interludes-poetiques-de-palestine
***
Merci à Patricia Nichols et Marc Delouze d'avoir autorisé la publication de ces poèmes qui leur sont parvenus de Gaza et dont ils ont fait eux-mêmes la traduction.
Reçu leur mail ce vendredi 8 août 2014 : « Notre amie poète Palestinienne Nathalie Handal vient de nous envoyer 8 poèmes de Gaza, où elle s’est trouvée enfermée par les événements…
Reçu leur mail ce vendredi 8 août 2014 : « Notre amie poète Palestinienne Nathalie Handal vient de nous envoyer 8 poèmes de Gaza, où elle s’est trouvée enfermée par les événements…
Ecrits en anglais (N. H.
vivant principalement aux Etats-Unis), nous vous en présentons une
traduction (avec son accord après lecture) que nous espérons la
plus fidèle possible.
Il s’agit d’une
Petite Pierre Poétique Pour la Paix : la seule que, d’ici, les
poètes peuvent tenter de poser sur les terres en flammes… »
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